Nos-petits-riens (en commun).
Ce qui me lie à toi va bien au-delà des souvenirs, bien au-delà de la souffrance d’une même absence. On ne peut pas être vêtu de noir tout le temps. On ne partage pas la mort, on partage la vie, le rire. Je vois en toi le frère, le meilleur ami. Celui qui me manque quand il n’est pas là et qui construit mon bonheur avec sa présence.
Il m’est impossible de voir un tournesol sans penser à toi et à cet instant sans nom partagé entre le jaune de ta petite tête blonde, du soleil aveuglant, et celui de ces fleurs que je n’ai jamais aimé mais dans lesquels je retrouve les bouts de ton sourire.
En pensant à cela je pense aussi à demain, aux jours suivants, à tout ce qui viendra nous donner l’occasion de prouver et d’éprouver notre amitié. De baiser la difficulté, le doute et ce foutu manque de confiance en moi. Je te veux toujours là, avec moi dans ma vie, tout comme je souhaite faire parti de la tienne. Alors oui, j’suis pas bavarde, mais l'handicapée du sentiment que je suis te donne tout ce qui ne se dit pas, voilà. Et je t’aime aussi.
La nature-morte.
« Bon. Y’a quand même un truc qu’il faut que je te dises. Oh non rien d’important tu sais, mais faut que tu le saches. C’est que là, maintenant, tout de suite, je me sens incapable. Non cherche pas ça s’apprend pas ces choses-là. Parait que c’est dans la nature humaine. Bien sur que j’aime mes amis, la plupart des gens aussi. Trainer au lit avec un livre, me remplir le ventre de choses sucrées, croquer dans un citron me donne des frissons, le café noir sans sucre, la cigarette du matin, m’assoir par terre dans un coin, me glisser dans les bras des gens… Oui tu sais tout cela et c’est suffisant. J’peux pas te donner plus. Ce bout là c’est déjà une épreuve. Même une nature-morte est plus vivante que moi. J’ai épongé bien trop de choses et la capacité d'absorption d’une éponge est assez limitée n'est-ce pas. Surtout quand il n’y a pas de mains pour la serrer très fort et lui faire oublier les eaux souillées. L’eau stagnante c’est pas bon. Je la garde à l’intérieur parce je t’aime bien et que tu ne mérites pas que je t’éclabousse et te salisse. J’suis pas potable crois-moi. Non tu peux pas être ces mains parce qu’au fond je sais que ce ne pourra être que les miennes qui me sauveront de cette noyade. Mais prends-moi la main quand même, juste pour voir.»
La-veillée
Je ne cours plus, il n’y a rien à rattraper tu es déjà trop loin. Je suis ailleurs, je fais une pause avec moi-même. Les lumières s’éteignent. Je me met en mode veille. Je cherche le sommeil.
Demi-mots en chanson
Il y a cette écorchée
Écorchée sa peau par les mots
Écorche moi la peau
oui défais-moi la peau
Brise-moi les os
Peu à peu j'arrache
J'arrache les mots au silence, à l'absence
J'arrache les mots à la douleur
pour les renvoyer à la douceur
Jeux de mots
Jeux de dupes
Et hop je le crève ce mot
Il en déverse d'autres milliers
Ce mot à la con
Pourri par l'usage
L'usage collectif et pathétique
des émotions pré-digérées, dirigées par la foule
Pique-moi au centre de la ligne
Pique-moi au creux du vide
Laissé au hasard d'une phrase
Dans le fond d'un soupir
Il y a cette écorchée
Écorchée sa peau par les mots
Écorche-moi la peau
oui défais-moi la peau
Brise-moi les os
Peu à peu j'arrache et je rejoins
la douceur du papier au son du crayon
Brise-moi les mots
Désosse-moi
Épelle-moi